leurs pieds. Myopes, ils prenaient leur horizon pour les bornes du monde.
Je cite ici un aveu que faisait M. Renouard dans son Traité des droits d auteur :
« C’est parce qu’on se laisse aller à éluder la discussion des principes fondamentaux que les questions restent confuses, que les lois rédigées comme au hasard et sans une pensée d’ensemble se prêtent à toutes les argumentations, que la jurisprudence flotte sans boussole. » Malheureusement M. Renouard a été un peu entaché de ce vice ; il a aussi, lui, sacrifié les principes à la pratique du moment. Bien que peut-être aussi entaché du même défaut, Lamartine disait : « Le législateur proclame rarement des principes absolus ; surtout quand ce sont des vérités nouvelles, il proclame des applications relatives, pratiques. »
La loi sur les droits des héritiers des auteurs vient encore de le prouver. La discussion du principe de la propriété intellectuelle a été écartée ; le projet de loi n’a été présenté que comme a un compromis, une trêve sous les armes. » Il ne nie ni n’affirme le droit naturel, le droit primordial, il ne s’en occupe pas. Si nous voulons que notre législation soit réellement sérieuse, homogène, juste , en rapport avec nos idées, cessons de pratiquer ce malheureux système ; ne faisons pas des lois d’un jour, faisons des lois d un siècle ; donnons des bases à l’édifice et ne le bâtissons pas à fleur de terre, sans nous donner la peine de l’asseoir sur aucune fondation.
Malheureusement tant que seront à la tête du pouvoir des hommes qui n’admettent le droit moderne qu’avec toutes sortes de petites restrictions, nous aurons bien de la peine à obtenir une législation telle que nous la demandons ; nous obtiendrons peut-être par-ci par-là, par surprise, quelques lois telles que nous les desirons, mais ce sera un escamotage ; nous ne les prendrons qu’en profitant d’un moment de sommeil des députés du gouvernement ; et en-