Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/377

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il a bien tort ; elle est profondément juste. Que veut la loi ? empêcher l’inventeur de tirer trop de profit personnel de son invention et au contraire en faire jouir autant que possible la société.

Donc une grande et utile invention doit faire jouir la société beaucoup plus qu’une petite : grâce à elle, son auteur peut faire une fortune beaucoup trop considérable, il peut acquérir une très-grande célébrité ; il a enfin, comme dit Vigarosy, le charme de la paternité.

L’auteur d’une fausse invention, au contraire, n’amassera pas une grande fortune, n’acquerra pas une grande gloire, ne goûtera pas les charmes bien doux de la paternité ; la société n’a besoin nullement d’en jouir.

Concluons donc de là qu’il faut consoler ce malheureux de ne pouvoir devenir riche, célèbre, et d’avoir le malheur de ne créer que des avortons ; que la société, n’ayant nul intérêt à le priver de son œuvre, doit se montrer grande et généreuse à son égard, tandis que l’autre inventeur, au contraire, ayant toutes sortes de compensations aux rigueurs de la loi et, d’un autre côté, dérobant en quelque sorte à la société le morceau de pain dont elle est affamée, il est juste de prendre ses précautions contre cet homme dangereux sous tant de rapports.

C’est pour moi un grand étonnement de voir un homme tel que M. Dumery demander encore l’augmentation de cet impôt ; c’est avec le même étonnement que je vois MM. Desnos-Gardissal et Breulier demander le statu quo pour la première année, et l’augmentation de 10 fr. par annuité.

Sur quelles considérations vous appuyez-vous pour demander l’élévation de la taxe ou son maintien ?

Vous dites avec M. Carpmaël dans l’enquête faite en Angleterre en 1851 :

— Je suis intimement convaincu que les patentes à bon marché seraient pernicieuses pour le pays.