Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/38

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Est-il nécessaire de prouver qu’en utilisant toutes les forces de la nature, tous les agents gratuits, l’industrie diminue l’effort qui nous est nécessaire pour la satisfaction de nos besoins et par conséquent perfectionne l’individu en augmentant sa puissance et en allongeant sa vie, tandis qu’en facilitant les relations entre les peuples, elle tue la guerre et perfectionne l’être social ? Ceux qui nient ses bienfaits prouvent simplement qu’ils sont aveugles.

Mais qu’est-ce que l’industrie sans l’inventeur ? n’est-elle pas un cloaque, un bourbier, un marais stagnant ? Le bloc est là, inutile, sans vie ; il faut que la main de l’homme vienne l’animer ; c’est le rôle de l’inventeur : il est créateur comme l’artiste. Sans lui la production est étroite, insuffisante, n’est pas en rapport avec les besoins ; c’est lui qui vient l’agrandir et, en diminuant son prix, favoriser le progrès.

Nous avons vu à quoi avaient abouti les efforts faits sous l’ancien régime pour favoriser l’industrie, en l’enserrant dans mille entraves, sous prétexte de la protéger. Nous ne pouvons demander pareille chose. Bien loin de là, nous ne croyons pas que l’intervention de l’État soit jamais utile, et nous ne lui réclamons aucune prime d’encouragement. Pour nous, l’énergie humaine ne se développe que par la liberté ; c’est elle que nous invoquons et elle seule. Le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins et qui laisse le plus d’initiative à l’individu. Nous sommes donc partisan de la liberté la plus large possible, persuadé qu’elle seule doit enfanter les merveilles qu’on attendait autrefois des règlements de Colbert et que nous avons encore trop l’habitude d’attendre de l’État. Et que l’on ne vienne pas