Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/436

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briser tous les liens qui le retiennent et l’empêchent de prendre son vol ; on veut aussi y remédier parce qu’on pense à l’avantage que retirerait la société de la facilité que tant d’hommes d’une si grande puissance auraient pour accomplir leurs travaux.

Il faut donc améliorer le sort de l’inventeur, par justice pour lui et en vue de l’intérêt social.

Le progrès n’est si lent que parce que l’inventeur est isolé, comme nous l’avons vu maintes fois dans le cours de ce livre, comme les faits nous l’ont prouvé ; le plus puissant remède que l’on puisse donc trouver à ses maux est l’association, qui, par cela même qu’elle lui vient en aide, est le plus puissant levier du progrès.

Dans cet ouvrage, nous n’avons cessé de demander pour l’inventeur : propriété, liberté et union, et j’espère que nous avons prouvé que sans ces trois choses, il n’était, et ne pouvait être qu’un martyr.

La propriété et la liberté sont deux droits que l’on ne doit cesser de réclamer auprès de ceux qui les détiennent ; quant à l’association, elle est une faculté que tous les hommes peuvent exercer, quand les gouvernements ne s’y opposent pas.

Il faut donc revendiquer auprès des gouvernements soupçonneux qui empêchent l’exercice de cette faculté, la liberté de le pratiquer ; il faut le revendiquer énergiquement et en même temps montrer sans cesse à l’inventeur qu’il se condamne par son isolement à toutes les misères qui l’accablent aujourd’hui.

Sans l’association, la marche du monde s’arrête : les perfectionnements ne naissent que lentement, difficilement, quelquefois même l’invention ne peut pas se produire seule.

Faute de la rencontre de Fresneau et de Réaumur, l’industrie du caoutchouc fut retardée d’un siècle.

Joseph Bramah avait pris des brevets pour des serrures