Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/449

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de la plus grande importance. Après mille travaux, mille luttes, mille peines qu’augmentaient les difficultés pécuniaires qu’il éprouvait pour se procurer des réactifs, il est écrasé par une rivalité semblable, devient fou et va expier dans une maison de santé le crime d’avoir consacré sa vie à la science.

J’en ai connu un autre qui, après avoir fait une importante découverte pharmaceutique, fut dépouillé par des gens décorés de toute espèce d’ordres, comblés de dignités et de titres, qu’on salue chapeau bas, qu’on admire pour ce qu’ils n’ont pas fait, pour des découvertes ou inventions auxquelles simplement ils ont bien voulu donner leur nom, geais honteusement parés des plumes du paon , mais qui forts et puissants tuent les paons qui veulent réclamer leur plumage. Après avoir été longtemps berné par les beaux messieurs, renvoyé ici et là, par tel et tel qui lui promettaient leur protection en échange de son secret, il fut atteint d’un si profond désespoir, en se voyant un beau jour frustré du fruit de ses travaux, qu’il tomba dans une prostration d’où il n’est jamais sorti depuis.

Ah ! si nous avions la liberté delà presse, je vous citerais bien d’autres faits, non moins graves, avec noms et preuves à l’appui ? Mais puisque nous sommes soumis à une loi qui condamne le délit de diffamation sans admettre la preuve, il faut nous taire en attendant qu’un jour nous puissions faire paraître le réquisitoire que nous préparons, traduire à notre barre tous les orgueilleux et tous les puissants, tous ces hommes qui profitent de l’autorité, à laquelle ils sont arrivés par je ne sais quelles voies ténébreuses, pour prendre aux autres les inventions qu’ils sont payés pour faire; et défendre tant de pauvres malheureux, écrasés par un ennemi qu’ils ne peuvent atteindre, dépouilles par lui du produit de leurs travaux et de leur gloire.

Elle se répète tous les jours l’histoire de don Ramon et de Fontanarès.