Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/464

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sans plus s’en inquiéter. M. Pellion faisait des réflexions de ce genre, il y a quelques années, dans le bulletin des arts de la Presse scientifique, à propos de M. Couturier, qui avait agi ainsi pour son procédé de fabrication du papier.

Il faut donc à toute force remédier à cet état de choses ; mais comment ? est-ce en augmentant la sévérité de la loi, comme en Amérique ?

Oui, on peut assimiler la contrefaçon à un vol, et rendre ce vol passible des cours d’assises. Les Anglais ont certes raison d’appeler pirates ceux qui la pratiquent.

Mais, pour moi, ce n’est que le moindre moyen. D’abord ce n’est qu’un moyen répressif, et il faut, avant tout, avoir un moyen préventif.

Or, d’où provient d’abord la contrefaçon ? quelle est sa source ? quelle est son origine ? comment peut-elle se manifester ?

Ces causes découvertes, nous saurons la manière ensuite dont on pourra la faire avorter. Ces causes, ou plutôt cette cause, vient uniquement de l’esprit de la loi.

La loi, comme nous l’avons déjà vu, exige la nouveauté absolue ; elle ne veut breveter que l’idée. Or, l’idée, nous l’avons démontré, ne peut être brevetée que quand elle est matérialisée. La nouveauté ne peut jamais être complètement absolue ; elle ne peut être que relative.

Par conséquent, qu’on cesse donc de chercher pendant plus longtemps à ne breveter que l’idée, et la contrefaçon est tuée du coup. Elle n’existe plus, et l’inventeur peut ouir en paix du fruit de son œuvre.