dans leur sens le plus favorable ? N’est-ce pas réellement une chose atroce que ce combat qu’entreprennent la famille et le collège pour étouffer la plante quand elle veut s’élever ; pour atrophier le jeune homme, le dessécher, comme un jockey anglais, afin qu’il ne dépasse pas le poids réglementaire?
Pour remédier à cet état de choses, il ne faut pas vouloir soumettre toutes les intelligences au même joug ; il faut varier les études selon les aptitudes, laisser à chaque jeune homme le choix d’une spécialité qu’il devra cultiver principalement.
Il y a longtemps qu’Arago a demandé, à la Chambre des députés, la liberté entière pour chaque collège et pour chaque élève de varier ses études selon les lieux et les capacités, chose qui comportait par conséquent l’abolition du baccalauréat.
« Dans nos écoles modernes, taillées du nord au midi, de l’est à l’ouest, exactement sur le même patron ; soumises à des règles communes, à une discipline uniforme ; où les enfants n’arrivent d’ailleurs qu’à l’âge de neuf à dix ans, pour n’en sortir qu’à dix-huit ou vingt, les individualités s’effacent, disparaissent ou se couvrent d’un masque de convention. »
Et quand on lui objectait qu’il pourrait arriver que l’étude du grec et du latin en souffrît, il disait simplement : « Messieurs, c’est peut-être un malheur, mais je m’y résignerais sans un très-grand chagrin. »
« L’instruction de Bayonne doit-elle être la même que celle du Havre ? » demandait-il.
Non sans doute. Eh bien ! l’instruction de Paul, qui a de l’imagination, de l’enthousiasme, doit-elle être la même que celle de Pierre qui est froid et calculateur ? — Non.
On ne peut pas plus les soumettre tous les deux à digérer la même dose de latin, de grec, d’histoire, de géographie, de logique, qu’on ne peut donner la même dose de jalap ou