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l'enseignement spécial industriel dans les lycées. Mais ce n'est qu'une branche greffée sur l'autre ; c'est un accessoire au lieu d'être une chose principale ; c'est une espèce d'aumône faite aux enfants « qui ne peuvent disposer d'un gros capital de temps et d'argent » (circulaire du 6 avril 1860) ; et encore, dans cet enseignement industriel, M. le ministre a-t-il soin de faire remarquer que les études littéraires y occupent une très-grande place. « En même temps que les scissions appliquées mettront son esprit dans une voie pratique, les cours de littérature, d'histoire et de morale lui donneront le goût de s'élever au-dessus des réalités du monde physique pour arriver beau, au bien et à Dieu, d'où viennent et en qui se confondent toutes les perfections. » Pauvre science ! elle ne suffit pas par elle-même pour développer l'intelligence, ou plutôt non, on a encore peur d'elle. Sans cesse Dieu doit être mis en face d'elle ! « La matière éternelle comme son éternel auteur ! » dit M. Coste.

Cet enseignement n'est qu'une transaction bien timide : cependant nous devons la louer c'est plus qu'autrefois, mais ce n'est pas assez. Il a le défaut de tous les compromis et demi-mesures. Ce que nous demandons, c'est une réforme entière, universelle.

Permettez-moi de citer le programme d'éducation posé par M. Leneveux :

« Le grec et le latin ne seraient enseignés qu'à ceux qui auraient quelque chance de s'en servir dans les lettres ou dans les sciences.

« Des langues étrangères pourraient être réservées pour les voyageurs et les commerçants futurs.

« Les enfants ne seraient plus surchargés, comme ils le sont encore, de travaux écrasants pour leur jeune intelligence : « L'enfance de l'homme, dit Michelet, comme celle « des plantes et de toute chose, a besoin de repos, d'air, de « douce liberté. Tout semble combiné pour étouffer les en-