Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/68

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nulle part ; ils sauront composer des vers qu’à peine ils pourront comprendre ; sans savoir démêler l’erreur de la vérité, ils posséderont l’art de les rendre méconnaissables par des arguments spéciaux… »

Lamartine : « J’ai souvent déploré moi-même ces persistances de la routine, qui donnent à une époque l’éducation d’une autre époque, qui enseignent à des Français la langue des Latins et des Grecs. »

Bernardin de Saint-Pierre : « Sept années d’humanités, deux de philosophie, trois de théologie, douze ans d’ennui, d’ambition et de suffisance, sans compter les années que de bons parents font doubler à leurs enfants, pour les renforcer, disent-ils ; à quoi donc tout cela sert-il à la plupart des hommes ? Quelle utilité le plus grand nombre en tire-t-il dans le monde pour la perfection de ses propres lumières et pour la pureté de sa diction ? »

Charles Dunoyer : « Que l’étude des lettres grecques et latines soit un complément très-désirable pour certaines éducations spéciales, celle des érudits notamment, pour celle encore des hommes qui ont une éducation véritablement littéraire, on ne peut sûrement le nier. Mais qu’elle doive former en général le fond même de l’éducation, et servir de base pour tout le monde à ce qu’on appelle les humanités ; que les peuples modernes les plus cultivés ne puissent faire leurs humanités dans leur propre langue et dans celles des nations voisines qui méritent le plus d’être cultivées, c’est infiniment plus contestable assurément… Au fond, rien ne semble plus stupide et plus fou, au moins de la part du très-grand nombre, que de consacrer de longues années, prises sur la partie la plus précieuse de la vie humaine, uniquement à apprendre deux langues que le plus grand nombre n’a pas le moindre intérêt à savoir ; deux langues que l’universalité des personnes qui les étudient apprennent d’ailleurs fort mal, que presque tout le monde se hâte d’oublier dès aussitôt et après les avoir apprises, et dont l’étude, que