Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/70

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lettrées plus d’individus que ces professions n’en peuvent nourrir ; ce n’est pas seulement un mal pour eux-mêmes, c’en est un pour la société. Beaucoup d’entre eux, ne pouvant subsister de leur état, n’ont d’autre ressource que de vivre aux dépens du public. »

Je pourrais multiplier ces citations à l’infini : celles-ci suffisent pour condammer l’éducation actuelle.

Dans un ouvrage qui a pour but la revendication des droits de l’homme, je ne pouvais manquer de m’appesantir sur cette question. Il est d’un intérêt constant, flagrant, immédiat de réformer au plus tôt cette éducation vicieuse qu’on donne à la jeunesse.

A ceux qui ne reçoivent maintenant nulle instruction, donnez-en ; à ceux qui en reçoivent une fausse, erronée, donnez-en une autre. L’homme ne doit plus perdre dix ans de sa vie à recevoir une éducation qui ne lui servira jamais à rien, qu’il oubliera le lendemain du jour où il aura quitté les bancs du collège et qu’il sera obligé de refaire et de recommencer complètement pour pouvoir être un homme. Que de génies qui meurent étouffés dès leur enfance par cette horrible étreinte à laquelle ils sont soumis au moment de leur développement ! Il faut supprimer cet étau qui les serre, ce laminoir qui les brise. Il faut que le jeune arbre puisse pousser en toute liberté, ayant un libre espace pour étendre à droite et à gauche ses branches touffues. Il n’y a pas de végétation vigoureuse sans air et sans liberté.

Et avouons-le, le clergé, malgré son esprit de routine, est supérieur aux prétendus esprits libéraux partisans de l’Université. Les jésuites donnent une meilleure éducation que les lycées. Le collège de Sorrèze, qu’a fondé Lacordaire, a été, pendant tout le temps qu’il a plié à son inspiration, un modèle d’établissement d’instruction. Il avait supprimé cette effrayante obligation de douze heures de travail à laquelle sont soumis les enfants, et à laquelle les