Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/86

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que tous puissent y participer, et que le plus habile remporte la palme : n’est-ce pas de toute justice ? Déjà les concours ont lieu pour les monuments à édifier. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour la construction des voies ferrées, des canaux, des vaisseaux ? Croit-on que l’émulation qui en naîtrait, qui pousserait vingt, trente, quarante, cinquante hommes de talent à étudier la même question avec acharnement, avec passion, parce que chacun d’eux aurait l’espoir du succès, ne produirait rien ? Est-ce que de ces études multipliées, faites avec soin, ne jailliraient pas mille idées lumineuses ? est-ce que tous ces travaux ne fourniraient pas d’immenses matériaux à l’aide desquels s’élèveraient de grands monuments ? Nul doute que cette émulation ne donne un développement considérable aux efforts individuels. Qui nierait que le génie humain, ainsi encouragé, ne prît un gigantesque essor ? La société n’aurait-elle pas d’immenses avantages à ce qu’on procédât ainsi : avantage individuel, en ouvrant une arène à tous ceux qui se sentiraient assez forts pour y descendre et y venir disputer la victoire ; qui donnerait, à celui qui la remporterait, gloire et richesse ; avantage collectif, en assurant une discussion plus sévère pour l’adoption des divers plans qui seraient présentés : discussion qui pourrait être faite par un jury nommé ad hoc. Ce ne sont pas des ingénieurs, pas plus que des savants, qui ont fait les grands travaux : Watt, Brunel, Stephenson, Erikson n’étaient pas sortis de l’École polytechnique ni d’aucun établissement qui y ressemblât ; c’est Windsor qui a apporté l’éclairage en France, Wheastone qui a apporté le télégraphe électrique ; et, pas plus que Jacquard, Philippe de Girard, Sauvage et tant d’autres inventeurs de notre siècle, ils n’étaient sortis de l’Ecole polytechnique ni n’appartenaient au grand corps des ponts et chaussées.

Après les ingénieurs viennent les officiers d’artillerie que forme aussi cette École. Quel est le sort de ceux-ci ? Ils sortent