Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/99

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les fourneaux nécessaires pour poursuivre son œuvre ? N’y aurait-il donc pas moyen d’organiser des laboratoires où il pût travailler, librement, sans danger de se voir frustrer sa découverte et où il eût les ressources nécessaires ? N’est-il pas triste de voir des hommes comme Boutigny et Gaudin ne pouvoir poursuivre leurs travaux faute de charbon ou de réactifs ?…

Mais à quoi bon m’étendre sur cette question ? Pourquoi demander ces établissements ? Le gouvernement ne les fondera pas : ce n’est pas à lui qu’appartiennent ces tentatives ; il est impuissant, il le déclare lui-même ; cessons de solliciter ; c’est un débiteur qui n’a pas le sou ; contentons-nous de lui envoyer un protêt… Ou plutôt faisons-nous mêmes. Pourquoi tous les professeurs ne suivent-ils pas l’exemple de M. Frémy qui, avec l’aide de quelques coopérateurs, a fondé une école de chimie pratique, à laquelle il doit joindre un laboratoire de découvertes ?

Il veut que les jeunes gens qui, au sortir de leurs études, se livrent à la culture des sciences ne soient plus réduits à consumer leur temps dans de vaines luttes contre les nécessités de la vie, et aient à leur disposition ces moyens qui manquent à tant de chercheurs.

Mais ce n’est pas à l’État que M. Frémy s’adresse : il le connaît bien ; c’est à l’initiative privée ; il est du devoir des industriels qui ont profité de la science de la remercier en apportant leur concours à ce projet, dont la réalisation est d’une absolue nécessité. « On ne concevrait pas, dit M. Claude Bernard, un chimiste sans laboratoire… Le laboratoire est la condition sine quâ non du développement de toutes les sciences expérimentales. » Sans lui, nulle découverte n’est possible. Si donc nous voulons que la science progresse, ouvrons des laboratoires, et agissons, nous qui avons intérêt à son progrès. Laissons l’État jouir tranquillement de son repos, faisons par nous-mêmes.

Cependant, puisque, d’accord avec les municipalités, il