Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/18

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Le déterministe. — Vérifions. Qu’entends-tu par ce mot : socialiste ?

Le délégué. — Comment ! ce que j’entends par là ? mais ça se comprend, on est socialiste ou on ne l’est pas. Or, tu ne l’es pas.

Le déterministe. — Et pourquoi me déclares-tu indigne de cette épithète ? De quel droit accapares-tu le mot « socialisme » alors qu’on ne sait pas encore à qui, de Robert Owen, Pierre Leroux ou Louis Reybaud, revient l’honneur d’en avoir enrichi notre vocabulaire ? Quelle est donc la signification que tu lui donnes ? Proudhon répondit au président du tribunal devant lequel il était poursuivi après les journées de juin 1848 : — Le socialisme, c’est toute aspiration vers l’amélioration de la société. — Mais alors, nous sommes tous socialistes, répliqua le président. — C’est bien ce que je pense, répondit Proudhon. — Tu n’es donc pas de l’avis de Proudhon ?

Le délégué. — Non ! Il n’y a de vrais socialistes que ceux qui marchent avec nous.

Le déterministe. — Et quels sont ceux qui marchent avec vous ou marchent ensemble ? Je vois qu’au cimetière du Père Lachaise, le 28 mai, les socialistes, broussistes, marxistes, allemanistes, blanquistes, au lieu de s’unir dans l’hommage qu’ils rendaient aux combattants de la Commune qu’ils considèrent tous comme leurs guides et leurs modèles, se sont battus entre eux avec acharnement, ce qui prouve que la fraternité qu’ils veulent imposer au monde, par des moyens révolutionnaires au besoin, ne règne pas positivement entre eux ? Quel est leur programme commun ? On ne le devine pas d’après leurs appellations respectives : car, ces hommes