Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/231

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Périodiquement, certains députés bienveillants s’empressent de demander l’amnistie « pour faits connexes à la grève » et d’autres députés, pas révolutionnaires du tout, s’y associent. Ils votent l’amnistie des assassins de Watrin et d’autres grévistes qui ont frappé et blessé des camarades. Par une singulière aberration, ils considèrent que la victime, c’est le coupable ; et ils sont plein d’indulgence et même de tendresse pour lui. Le 28 octobre 1892 M. Terrier déposait une demande d’amnistie pour les faits de Carmaux qui réunissait 197 voix, dont quatre membres de la droite, contre 323. Le 26 juin 1893, M. Camille Dreyfus déposait une demande d’amnistie totale, qui réunissait 115 voix !

Beaucoup de ministres se figurent que leur devoir est d’intervenir dans les grèves. Par une lettre du 9 juin 1886, M. Baïhaut invitait la compagnie de Decazeville à relever le prix de certains travaux de 1 fr. 90 à 2 fr.

Quand la police, la gendarmerie, les fonctionnaires et les magistrats voient intervenir un ministre en faveur des grévistes, ils savent que s’ils font acte de vigueur, ils risquent d’être sacrifiés. Ce n’est pas avec de pareils sentiments qu’on peut avoir de l’autorité pour agir.

Certains magistrats, désapprouvant les lois de 1881 et de 1884, ont paru prendre le parti de ne plus appliquer aucune loi afin de préparer l’ordre avec du désordre. La circulaire confidentielle de M. Lozé du 2 avril 1888 est un monument qui constate cet état d’esprit.