Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/244

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M. Charles Dupuy, ministre de l’intérieur, a mis en demeure les syndicats non légalement constitués qui se trouvaient installés à la Bourse du travail de se mettre en règle avec la loi avant le 5 juillet 1893 et le 1er  juillet, il a suspendu les subsides.

Les membres de la commission exécutive et du comité ont répondu « à l’affront inqualifiable que le ministre de l’Intérieur vient d’infliger à la classe ouvrière, que la dignité, l’honneur du prolétariat lui commandent de ne pas laisser passer une aussi odieuse provocation. »

D’où vient cette question de la Bourse du travail ? D’où vient-elle ? sinon du laisser-aller de l’administration. La Bourse du travail de la rue J.-J. Rousseau avait déjà fait ses preuves dans les grèves des terrassiers et des garçons limonadiers en 1888, si bien que M. Floquet crut nécessaire de la fermer. Quand on remit en 1892 le grand bâtiment de la rue du Château-d’Eau aux chambres syndicales et groupes corporatifs, il eût d’abord fallu déterminer l’objet auquel il serait consacré, spécifier son mode d’administration, de manière que le gouvernement et la préfecture de la Seine eussent des personnes responsables en face d’eux ; et il eût fallu tenir la main à ce que ces conditions fussent strictement exécutées. On a trouvé plus simple de laisser la Bourse du travail agir en pleine anarchie. On a ajourné la difficulté, comme s’il n’était pas plus difficile d’arrêter un cheval emporté que de le maintenir à une allure correcte.

Si nous prenons modèle sur les peuples qui ont conquis et su garder la liberté bien avant nous, nous n’en trouvons pas un qui admettrait une institution