Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/250

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saient n’avaient pas mieux compris ce que j’avais dit qu’ils ne comprendront probablement ce que je vais dire : et cependant, au point de vue des compagnies houillères, l’expérience est décisive.

M. d’Audiffret-Pasquier s’écriait lors de la grève d’Anzin : « Nous dépensons plus d’un million et demi en générosités pour nos ouvriers. Notre administration est paternelle. » Eh ! oui ; et c’est là le mal ! Les compagnies ont construit des corons où elles ont caserné leurs ouvrières. Elles ont établi des sociétés coopératives qu’elles administraient elles-mêmes. Elles ont fondé des sociétés de secours et de retraites.

L’ouvrier s’est aperçu qu’il n’avait pas de part réelle à l’administration de ces caisses. Il a vu qu’avec les sociétés coopératives, tout l’argent qu’il touchait de la compagnie y retournait, et quelquefois même qu’il ne touchait rien du tout. Enfin, dans les corons, il s’est senti sous la police de la compagnie qui s’est souvent occupée de l’instruction religieuse des enfants, des mœurs de la femme ou de la jeune fille. Une fois sorti de son travail, il a continué à se sentir dépendant.

On lui a retenu de l’argent pour la caisse de secours et de retraites. Il sait ce qu’il a payé : il ne peut pas comparer des avantages aléatoires ou lointains avec les charges qu’il connaît. Il a su que s’il quittait la mine ou s’il était renvoyé, il perdrait ses versements. Il s’est vu enchaîné à la mine, complètement à elle, et d’un autre côté, la direction de la mine n’osait pas le renvoyer pour qu’on ne l’accusât pas de vouloir le voler et le dépouiller de ce qu’il avait versé. Elle se chargeait ainsi d’ouvriers mécontents