Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/251

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et quelquefois incapables. Enfin il a appris plus ou moins vaguement que la plupart de ces caisses n’étaient pas dans un bon état financier. De plus, il a accusé les compagnies de s’en servir pour leurs usages. Et sa méfiance, erronée en général, a été justifiée par le désastre de Bessèges et de Terrenoire.

Les Compagnies avaient fait de ces avantages un moyen d’action sur les mineurs. Elles avaient voulu les enrégimenter et les discipliner par ces procédés. Elles y sont admirablement parvenues, si admirablement qu’un jour la docilité des mineurs est allée à des agitateurs qui se sont mis à leur tête, et ils leur ont obéi comme ils obéissaient auparavant aux ingénieurs et aux agents de la compagnie.

En réalité, ces combinaisons de retraites avaient pour conséquence de transformer la durée à temps des services de l’employé en services à vie. L’ouvrier a senti cette chaîne, et si douce qu’elle fût, elle lui a semblé insupportable : de là, ces saccades violentes, son impatience qui vient de se traduire d’une manière saisissante à Amiens.


M. Cosserat, filateur, avait institué des caisses de retraites, de secours et d’épargne et une société coopérative. Ses ouvriers lui ont demandé la suppression de ces institutions. M. Cosserat les a invités à vouloir lui faire connaître leurs préférences par un vote qui a donné pour la suppression 552 voix contre 76[1].

Après un résultat de ce genre le patron dit : — « Les ouvriers ne sont pas reconnaissants. On a beau

  1. La Réforme économique, 23 avril 1893.