Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

priété. Nulle distinction entre sa personnalité et les services qu’il peut rendre, les redevances auxquelles il peut être soumis. Et voici les étapes du progrès : Après l’esclavage le servage, après le serf de corps, le serf abonné, dont les obligations, au lieu d’être illimitées, sont déterminées et, au lieu d’être personnelles, s’appliquent à des services ou à des choses.

Cette distinction entre les obligations personnelles et les obligations réelles, étable déjà par le droit romain, est un des grands faits juridiques de l’humanité, quoi qu’en ait pu dire Bentham.

Dans l’ancien droit, pas de contrat, ni aucun mot qui y corresponde. Le père de famille ordonne : il ne délibère pas ; pas de réciprocité de services débattus et convenus, avec une sanction pour l’exécution. Cependant nous trouvons le contrat chez des commerçants, comme les Athéniens ; et c’est le commerce qui en a fait le plus individualiste des peuples de l’antiquité. L’armateur du Pirée traite pour des marchandises, du vin, de l’huile, avec des étrangers. Il se décide par soi-même sans demander permission à son gouvernement. Il fait des contrats et des contrats réels, pour des services déterminés, pour les choses spécifiées ; et sa personnalité reste en dehors.

À Rome, au fur et à mesure du développement du droit, le contrat devient de plus en plus réel et de moins en moins personnel.

Hobbes, Grotius et après eux, Rousseau croyaient que le contrat pouvait lier des personnes entre elles ; qu’une personne pouvait aliéner une partie de son existence, de ses jours, de son être à une autre et qu’une