Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/87

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surabonde donc pas, pour cette dame, ni pour ces jeunes filles, puisque leurs besoins dépassent leur puissance de les satisfaire. La production ne surabonderait que si chacun était si bien rassasié que personne n’eût plus rien à désirer : chimère évidente, car la capacité du désir est illimitée.

Le délégué. — Vous parlez de choses de luxe.

L’économiste. — Tu appelles du luxe plus de viande et plus de vin ?… Mais crois-tu que les chaussettes soient du luxe pour les hommes ?

Le délégué. — Elles sont considérées comme telles pour les militaires.

L’économiste. — Cela prouve que l’armée qui est cependant un si bel exemple d’organisation collectiviste… ne présente peut-être pas l’idéal du confort. Mais crois-tu que les bas soient du luxe pour les femmes ? crois-tu que les mouchoirs de poche soient du superflu ? Penses-tu que la chemise doive être reléguée parmi les objets inutiles ?

Le délégué. — Parbleu ! non.

L’économiste. — Eh bien ! sur les 350 millions d’habitants qui peuplent l’Europe crois-tu que tous aient des mouchoirs de poche, des chaussettes, des bas, des chemises en quantité suffisante ? Il y en a pour qui ces objets sont encore un luxe. Et sur les 110 à 120 millions d’habitants des deux Amériques, combien n’en usent pas encore ! Si nous passons aux 200 millions d’habitants de l’Afrique, aux 800 millions de l’Asie, aux 40 millions de l’Océanie, nous constatons que sur les 1.500 millions d’êtres humains, en chiffres ronds, qui s’agitent sur la surface de la terre, il n’y en a pas 300 millions, moins d’un sur cinq, qui aient une nourri-