Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/125

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ont jamais compris de cette manière le principe du « laissez-faire ».

Ce que Gournay a entendu par ces mots, c’est l’invitation à l’État, aux corporations et aux jurandes de laisser travailler, comme bon lui semblerait, selon sa volonté personnelle, chaque individu ; et le « laissez-faire » qu’entendent Henry Maret et Tony Révillon, c’est le droit pour des hommes audacieux et violents d’empêcher de travailler les autres où, quand et comme cela leur convient ; c’est le droit aux Baudin, aux Basly, aux Lamendin de dire à des hommes :

— Tu ne travailleras pas, parce que tel est mon bon plaisir !

Non, les économistes ne veulent point « laisser passer » les fantaisies de ce genre. Ils considèrent que, loin de représenter la liberté, elles constituent la plus monstrueuse des tyrannies.

Ils considèrent que, loin de supprimer les questions, les procédés des meneurs de grèves posent celle-ci :

— Que deviennent la loi, la sécurité, la liberté individuelle, dans un pays où, pendant un certain temps, sur une partie de son territoire, des citoyens paisibles peuvent être en butte aux outrages et aux violences, s’ils sont suspects du désir de travailler ?