pagnons Brunet et Georges ! Il n’y aura pas de questions.
Vraiment ! et s’ils assomment les camarades qui voudraient travailler, ce n’est pas une question, cela ? et s’ils tiennent les corons sous la terreur, s’ils brisent les vitres des habitations de ceux qui ne veulent pas être leurs hommes-liges, s’ils blessent leurs femmes à coups de pierres, s’ils vont arracher les hommes de chez eux pour les promener dans un charivari agrémenté de coups, ce n’est pas une question, cela ? Ils s’amusent, les braves gens !
— Laissez-les faire, dit Henry Maret.
— Ne les provoquez pas, dit Tony Révillon.
Que pensent de ce « laissez-faire » les femmes insultées, frappées et blessées, les hommes qui, suspects, parce qu’ils voudraient travailler, sont injuriés et maltraités ? Le doux Henry Maret et le bienveillant Tony Revillon sont tout miel pour les agresseurs. Les victimes, ce sont ceux-ci, puisque les gendarmes et les soldats veulent les empêcher de se livrer à leurs exploits !
Ces néo-socialistes réservent leur bienveillance pour ceux qui frappent et leur malveillance pour ceux qui empêchent de frapper.
Henry Maret et Tony Revillon me disent en chœur :
— Comment ! vous, économiste, osez-vous protester ? Est-ce que vous n’avez pas pour devise le mot de Gournay : « Laissez faire » ? Eh bien ! laissez faire ces braves grévistes. Ne les empêchez pas d'assommer, de tuer au besoin, de détruire ! Il n’y aura pas de question !
Maret se trompe, en s’imaginant que les économistes