Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/173

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des saints dont ils sont mécontents ; mais ces fureurs mêmes étaient un hommage à leur puissance. Quand les femmes de Paris vont à Versailles chercher le roi, la reine et le dauphin, elles les ramènent, le 6 octobre 1789, en criant : « Nous avons le boulanger, la boulangère et le petit mitron ! » Elles croyaient qu’ils pouvaient leur donner du pain, faire leur bonheur. Dans les discours officiels, dans les préambules des édits, les rois n’avaient-ils pas répété sous toutes les formes qu’ils étaient préoccupés « du bonheur de leur peuple » ?

La Convention reprenait cette tradition.

Les socialistes refont le droit divin de la société. Mais qu’est-ce que la société ? C’est l’État. Et qu’est-ce que l’État ? C’est un gouvernement ! Et qu’est-ce qu’un gouvernement ? Ce sont des hommes.

Qu’ils aient le titre de roi, d’empereur, de président de la République, de ministres, de comité, de convention, d’assemblée, peu importe, ce sont toujours des hommes.

Les socialistes ne sont pas animés d’une très grande bienveillance non seulement à l’égard de leurs adversaires, mais même à l’égard de leurs partisans. Ils sont toujours prêts à les soupçonner de tiédeur ou de trahison. Leurs candidats ? Ils les passent par de terribles laminoirs, et ils manquent de tout respect à leur égard.

Et cependant ils déclarent qu’une fois élevés au gouvernement, ces hommes contestés, contestables, faillibles, doivent avoir tous les pouvoirs ! Ils se prosternent devant eux comme les cardinaux devant le pape qu’ils viennent d’élire. Ils s’imaginent que ces