Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/200

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Un maire peut être un personnage très tyrannique. Doublé d’un garde champêtre qui le seconde, il peut rendre la vie insupportable non pas même à ceux qui le combattent, mais à ceux qui le supportent. Interrogez le premier habitant de Saint-Ouen, de Montluçon ou de Saint-Denis, il vous renseignera sur la situation que font à ces communes les municipalités fantaisistes dont la majorité des électeurs les a dotées.

Vous pourriez demander qu’on modifie la loi sur les attributions des maires ou qu’on y ajoute quelque sanction qui restreigne ces fantaisies ; les maires sont dépositaires d’une partie de l’autorité publique, et il est inadmissible qu’ils puissent l’employer à des vexations à l’égard d’une partie de leurs concitoyens.

Mais ces propriétaires, qui peuvent avoir pour adversaires le maire ou les maires des communes où se trouvent leurs propriétés, n’ont que de simples droits de propriété. Le propriétaire d’un mètre carré et le propriétaire d’un kilomètre carré de terrain ont des droits rigoureusement égaux. Ils se trouvent l’un et l’autre en face de la même loi, et ils sont astreints aux mêmes obligations. La loi, depuis 1789, n’est point élastique ; elle ne s’élargit pas en raison de la grandeur du domaine ou de la fortune. Le propriétaire d’une motte de terre ou le propriétaire d’une terre, englobant plusieurs communes, ne peuvent passer que les mêmes contrats. Dans la tribu, au contraire, toutes les volontés sont assujetties au chef. Il n’y a point à son égard de contrats librement consentis. Les personnes groupées autour de lui par naissance, tradition de famille ou par force, obéissent à sa décision, dont