Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/244

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cette date du 14 juillet, est-ce l’insurrection qu’on célèbre ? N’est-ce pas plutôt la chute de la Bastille, symbole tangible de l’absolutisme royal et de la négation de la liberté individuelle ?

Je n’examine pas si des journées comme celle-là, comme celle des 5 ou 6 octobre, comme celle du 10 août ont été utiles ou nuisibles à la cause de la Révolution ; si, en habituant la foule à la force, en donnant aux uns l’impudence, en inspirant aux autres la terreur, elles n’ont point été les motifs déterminants de tous les drames qui ont déchiré la France pendant vingt-cinq ans et l’ont livrée, affaiblie et épuisée, à deux invasions étrangères et à la réaction de la Restauration. Je n’examine pas davantage si, au point de vue de la théorie Whig, Charles X ayant violé la charte, la révolution de 1830 n’était pas légitime.

Je me borne à constater que toutes ces révolutions étaient des révolutions politiques ; qu’en 1789, il s’agissait de remplacer la fantaisie du roi et de ses favoris, par des droits, des lois, la liberté, la propriété, l’égalité, la sûreté personnelle, et que lorsque des hommes sont maintenus par la force dans un état d’inégalité et de sujétion, ils n’ont d’autre ressource que de se servir de la force contre la force.

Mais les socialistes peuvent-ils invoquer de semblables motifs, en France du moins ? Est-ce que tous les citoyens n’ont pas des droits égaux ? Si la loi maintient encore certaines inégalités, le Parlement n’est-il pas là pour les supprimer, sous une pression de l’opinion publique ? Y a-t-il une porte fermée par nos institutions à quoi que ce soit : maréchaux de l’empire,