Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/245

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fils de tonnelier, comme Ney, garçon d’auberge, comme Murat, petit mercier, comme Jourdan ; à l’heure actuelle, des députés peuvent ne savoir ni lire ni écrire ; de hauts fonctionnaires sont d’anciens boursiers de l’École polytechnique ; des ministres ont été apprentis comme Burdeau, et le président de la Chambre, M. Dupuy, est fils d’un modeste huissier de préfecture.

Combien de grands entrepreneurs de travaux publics n’ont-ils pas commencé comme manœuvres et tâcherons ? J’ai entendu raconter leur histoire par MM. Vattel et Hunebelle. Ils sont nombreux, les hommes possédant hôtels, qui peuvent dire qu’« ils sont venus en sabots à Paris ».

Les droits à conquérir pour une caste opprimée, c’est la liberté et l’égalité des droits. Si on les lui refuse par force, qu’elle les conquière par la force : c’est l’histoire.

Mais aujourd’hui, où sont les derniers vestiges d’inégalités de droits, qui ne puissent être supprimés par l’action légale de nos institutions ?

Il ne s’agit pas, dans la conception des socialistes, d’une révolution ayant pour but de faire arriver au grand jour des droits méconnus ; il s’agit d’une révolution de caste, ayant pour objet de mettre au pouvoir une classe.

Que disons-nous ? une classe n’existe qu’à la condition de pouvoir être déterminée et définie : et le Quatrième État ne peut l’être. Il s’agit d’un groupe, d’une coterie, d’une bande agglomérée par l’esprit de rapacité, dont les membres se déchireraient le lendemain de la victoire, et qui disparaîtrait, comme les