Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/275

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qui lui convient ou ne lui convient pas ; et tant qu’il ne peut pourvoir à ses besoins, il doit obéir. S’il essaye de se soustraire à cette obéissance, il y est ramené plus ou moins sévèrement. Il ne vit qu’à cette condition de sujétion.

C’est la loi de famille en vertu de laquelle chaque individu doit recevoir des secours en proportion de son incapacité.[1]

Apres cette période, il doit recevoir des profits en raison de sa capacité. En un mot ; protection de l’enfant, liberté de l’adulte.

Et à quoi aboutissent toutes les conceptions socialistes ? Sinon à rejeter l’adulte dans la situation de l’enfant, à le faire rétrograder en ce petit être qui ne peut exprimer sa volonté que par ses cris, à le livrer bien emmaillotté afin qu’il soit bien sage, à cette marâtre inconnue, la Société, dont l’existence ne pourrait se révéler que par la tyrannie.

Changer l’homme en bébé, criant à la Société : — maman ! Tel est l’idéal socialiste !

Cette loi de famille, que Cleveland appelait, dans son message, « le paternalisme » c’est celle des pays de l’Orient où l’individu n’existe, ne vit, n’agit, ne possède que par la permission du calife, du sultan, du pacha ; et l’observation, aussi bien que la déduction, nous permet de dire que tout peuple soumis à la loi de famille est frappé d’impuissance.

  1. V. Herbert Spencer.