Page:Guyot Desfontaines - La Voltairomanie.djvu/8

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de Zaire, avec une politeſſe & une honnêteté, à laquelle on n’avoit pas droit de s’attendre. Jamais le Stoïciſme n’a ſemblé porter ſi loin l’inſenſibilité. La modération & la charité conviennent à une perſonne de ſon état ; mais ſes amis ne ſont pas obligés aux mêmes égards, envers un calomniateur.

N’eſt-il pas bien étrange que celui qui jouë aujourd’hui ? un ſi odieux rolle, à l’égard de deux perſonnes diſtinguées dans la République des Lettres, je veux dire M. l’Abbé D. F. & l’illuſtre Rouſſeau, ſoit celui-là même qui a dit gravement dans la Préface de ſa Tragédie d’Alzire : « Il eſt bien cruel, bien honteux pour l’eſprit humain, que la Littérature ſoit infectée de ces haines perſonnelles, de ces cabales, de ces intrigues, qui devroient être le partage des Eſclaves de la Fortune. Que gagnent les Auteurs, en ſe déchirant cruellement ? Ils aviliſſent une profeſſion qu’il ne tient qu’à eux de rendre reſpectable. Faut-il que l’art de penſer, le plus beau partage des hommes, devienne une ſource de ridicule, & que les gens d’eſprit, rendus ſouvent par leurs querelles le joüet des ſots, ſoient les bouffons du Public, dont ils devroient être les Maître ? »