Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/102

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vous croyez !… on m’aime bien parce que je me suis trouvée toute seule à dix-sept ans… alors, quand grand’mère m’a prise, comme un pauvre petit chien perdu, pour me rapporter chez elle, tous se sont intéressés à moi et m’ont fait bon accueil… je suis devenue le Bijou qu’on élève et qu’on gâte… auquel on passe tout… et qui ne fait que sa volonté…

— Et ce qu’il a raison, le Bijou !… il n’y a que ça de bon dans la vie… faire sa volonté !… quand on le peut…

Elle dit, parlant sans même paraître s’apercevoir qu’elle parlait :

— On le peut toujours !…

Puis, courant à la baie, elle cria :

— Allons, bon !… les Tourville !… et grand’mère qui n’est pas encore descendue !…

Elle s’élança au-devant d’une dame qui s’avançait, vêtue d’une toilette cossue. Elle était suivie d’un monsieur, de physique vulgaire, de maintien gourmé, à l’air infiniment snob.

Bijou présenta : « Le comte de Clagny… le comte de Tourville… »

Puis, comme la marquise entrait, encore belle dans le nuage de dentelle qui l’enveloppait, elle retourna causer avec M. de Clagny.

— Eh bien, — demanda-t-elle, — comment les trouvez-vous, les Tourville ?…

— Je les trouve mal !… mais c’est Henry de Bracieux que j’ai trouvé embelli… il n’est pas encore aussi bien que son cousin, mais ça viendra peut-être…