Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/106

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— Eh bien — dit Fred d’une voix résolue, on l’a mis dans un petit panier, l’petit Moïse… et on a mis l’panier sur le Nil…

Il s’arrêta, le front mouillé de sueur. Bijou dit :

— Et puis, qu’est-ce qui est arrivé ?…

— J’sais pas ! — fit brièvement le petit, — j’sais plus !… j’sais plus, j’te dis… dis-le, toi, c’qui est arrivé ?…

— Allons !… voyons ?… c’est un parti pris de ne pas répondre ?…

Il dit, câlin :

— J’t’en prie ?… ne m’force pas ?…

Mais Denyse s’entêta :

— Si !… il est arrivé quelque chose, quand Moïse descendait le Nil… quoi ?… qu’est-ce qui est arrivé ?…

Il chercha un instant, la figure contractée, les yeux fermés, et, au moment où l’on n’espérait plus rien, il cria, heureux de sa trouvaille :

— L’Chat botté, qui est venu !… et qui a crié : « Au secours !… c’est monsieur le marquis de Carabas qui se noie !… »

— Voilà, — fit en riant Bertrade, — l’inconvénient de lui apprendre tant de belles choses à la fois !…

Et M. de Rueille ajouta :

— Denyse lui a donné, il y a deux jours, un mirobolant Chat botté que nous avons rapporté de Pont-sur-Loire… et qui a dû faire à Moïse un tort considérable…