Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/108

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— Moi !… mais pas du tout, mademoiselle !… je ne sais pas où Pierrot prend ça !…

— Dame !… — fit le gamin, convaincu — regardez-vous ?… vous avez une de ces têtes !… du reste, depuis trois ou quatre jours, ça ne va pas !… vous devez avoir quelque chose que vous ne savez pas ?…

— Je vous assure, — balbutia le pauvre garçon au supplice, — je vous assure que je n’ai rien du tout…

M. de Clagny s’était approché. Il regarda avec envie le petit Fred, blotti contre la fraîche épaule de Bijou, et dit :

— Il est superbe, votre filleul !…

— Oui, n’est-ce pas ?… et il m’adore !…

On annonçait le dîner. Elle donna à l’Anglaise, qui était entrée, le bébé qui s’endormait déjà. Debout devant elle, l’air maussade, le petit La Balue présentait l’angle aigu de son bras. Elle y passa difficilement sa main et, résignée, s’assit entre lui et M. Giraud, qui, fou de bonheur de se trouver près d’elle, se sentait plus que jamais décontenancé et maladroit.

Sa timidité déjà grande augmentait. Il n’osait littéralement pas dire un mot, et se désespérait de se sentir ridicule. Il n’était plus seulement amoureux de Denyse, de sa beauté, de sa grâce, de son charme si grand, il la vénérait à présent pour sa bonté qu’il jugeait infinie. Maître d’études dans un lycée, il avait un jour murmuré d’évasifs mots d’amour à la fille du proviseur, et il se souvenait.