Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/112

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Elle sortit par la porte opposée à la terrasse et M. de Clagny dit à la marquise :

— Votre petite-fille est décidément la plus charmante enfant qu’on puisse voir !…

Et il ajouta, l’air chagrin :

— C’est quand on rencontre des femmes comme ça qu’on regrette d’être vieux !…

— J’avoue — fit madame de Bracieux en riant — que, même jeune, vous ne seriez pas le mari que je rêve pour Bijou !…

— Et pourquoi donc ça, s’il vous plaît ?…

— Mais parce que vous êtes… vous étiez, du moins, un peu… comment dire ?… un peu large de cœur…

— Large de cœur !… Eh, oui, parbleu !… je l’étais !… mais c’est la faute de celles qui ne savaient pas me garder !… je vous assure qu’avec une femme comme Bijou, je n’aurais pas été ce que vous appelez « large de cœur »…

— Bah ! fit madame de Bracieux incrédule, est-ce qu’on sait jamais ?…

En sortant du salon, Bijou traversa le vestibule, et, au lieu de monter le grand escalier qui conduisait chez les enfants, elle souleva la vieille tapisserie à verdures qui masquait la porte de l’office. Au moment d’ouvrir cette porte, elle revint décrocher dans le vestibule une longue mante sombre, une mante de pêcheuse de Berck, qu’elle avait coutume de mettre quand il pleuvait. Elle s’en enveloppa rapidement et entra dans l’office où il faisait absolument nuit. Des cuisines arrivaient, criardes, les