Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/113

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voix des domestiques qui dînaient bruyamment. Denyse s’approcha de la fenêtre ouverte, puis, ramassant ses jupes, elle monta sur une chaise, enjamba la fenêtre, et, légère, s’élança dans le jardin. Là, elle hésita un instant. La terrasse se détachait, éclairée par les salons. Sous le quinconce, elle distinguait dans l’ombre la lueur rouge des cigares. Tout à coup, elle releva le capuchon de sa mante et, prenant un parti, s’engagea en courant dans l’allée sombre qui menait à l’avenue.

Pendant ce temps, ses amoureux attendaient sur la terrasse qu’elle vint les rejoindre comme elle l’avait promis, et la grosse Gisèle s’efforçait en vain d’organiser une partie de cachette. Les hommes manquaient d’entrain ; madame de Tourville craignait d’abîmer sa robe ; et madame de Juzencourt se promenait avec Jean de Blaye et madame de Nézel. Bientôt elle revint seule ; et comme, tenace, mademoiselle de La Balue voulait l’entraîner à jouer, elle refusa avec énergie. Elle n’allait certes pas courir, quand elle avait déjà beaucoup trop chaud en marchant : elle avait dû quitter Thérèse de Nézel et M. de Blaye… elle n’en pouvait plus !…

Restés seuls, Jean et madame de Nézel avaient continué leur promenade. Elle, simple, achevant la conversation commencée ; lui, préoccupé et inquiet. À la fin, n’y tenant plus, il demanda :

— Pourquoi ne me faites-vous pas de reproches ?… pourquoi ne me dites-vous pas toutes les choses mauvaises que vous pensez de moi ?…