Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/121

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tirais tes moustaches d’un air furieux… et tu avais l’air de t’ennuyer… ah !… ce que tu en avais l’air !…

— Une idée que tu te fais !…

— Que non !… je ne me fais jamais d’idées, comme tu dis, quand il s’agit de ceux que j’aime !… je suis très clairvoyante, au contraire… Pourquoi fronces-tu les sourcils ?…

— Mais je ne fronce pas les sourcils…

— Si !… et on dirait que ça t’ennuie aussi, ce que je viens de te dire ?…

— Qu’est-ce que tu viens de me dire ?…

— Que je suis clairvoyante ?… et ça t’ennuie parce que tu as peur que je ne voie qu’il y a quelque chose ?…

Très troublé, il demanda :

— Quelque chose ?… quoi ?…

— Quoi ?… je n’en sais rien !… mais sûrement tu as quelque chose… tu n’es plus du tout le même depuis… tiens, depuis que nous sommes à Bracieux, à peu près…

Il dit, cherchant à plaisanter :

— Vraiment ?… je suis si changé ?… et le plus curieux, c’est que je ne me doute pas de ce changement...

Bijou haussa ses jolies épaules.

— Ne cherche donc pas à me rouler, mon pauvre Jean !… je te connais trop bien, vois-tu ?… oui… tu es changé !… tu es devenu peu à peu brusque, inquiet, préoccupé… Tiens !… veux-tu que je te dise…