Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un instant après, un grand homme de trente-cinq ans, maigre, blond, un peu voûté, très pur type de paysan normand, apparut soufflant, suant, et si rouge qu’il tournait positivement au violet.

— Oh !… — fit-il, cherchant à reprendre sa respiration, — c’est vous, mad’moiselle Denyse !… c’est donc vous !…

Elle dit en souriant :

— Mais oui, monsieur Lavenue, c’est moi !…

Il demanda, s’avançant la main tendue :

— C’est-y point qu’vous voulez descendre ?…

— Non… merci !… je viens seulement vous faire une commission de la part de grand’mère… c’est pour le déjeuner de la Confirmation… c’est lundi prochain… mais vous devez savoir ça, vous qui êtes maire ?…

— Oui… j’le sais !…

— Eh bien, grand’mère voudrait avoir ce jour-là de très belles pêches… de très belles poires… enfin, beaucoup de belles choses qui poussent dans le potager des Borderettes…

— On vous portera tout ça, mademoiselle Denyse !… Madame la marquise peut êt’ tranquille… ça sera bié choisi…

Puis, voyant que la jeune fille faisait tourner son cheval, il dit, la regardant avec une admiration en quelque sorte hébétée :

— C’est-y qu’vous r’partez déjà ?… vous n’voulez-t’y point vous rafraîchir un brin ?… un bol d’lait ?… qu’c’est qu’vous aimez tant l’bon lait !…