Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/140

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je comprends maintenant ce que je ne comprenais pas hier !…

— Quoi donc ?…

— La puissance infinie de la voix !… oui, avant de vous avoir entendue, j’ignorais… ce que je connais bien à présent !… vous chanterez encore, n’est-ce pas, mademoiselle ?… quand je pense que, depuis trois semaines que je suis au château je n’avais pas encore eu le bonheur de…

— Je vous donnerai ce « bonheur-là » tant que vous voudrez !…

Elle plaisantait maintenant. La petite créature de rêve de tout à l’heure était redevenue Bijou.

En approchant du château, elle mit sa main au-dessus de ses yeux et dit :

— Qu’est-ce qu’il y a donc ?… le perron a l’air noir de monde…

Pierrot répondit avec humeur :

— Parbleu !… c’est eux tous qui te guettent !… voilà Paul… voilà Henry… et m’sieu l’Abbé !… et l’oncle Alexis !… et Bertrade !… Tiens !… qu’est-ce que c’est que ça ?… tu as raison… il y a d’autres gens… Ah !… c’est le père Dubuisson… et Jeanne… et puis il y a encore un monsieur que je ne connais pas !… un monsieur tout en noir… ben ! faut qu’il soit frileux pour venir à la campagne en noir par une chaleur pareille !…

Bijou dit :

— C’est peut-être M. Spiegel… le fiancé de Jeanne ?… on devait nous l’amener…

— Oui… ça doit être ça !… dis donc ?… il n’a