Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/146

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— Ne fais donc pas la bête !… tu sais parfaitement qu’il est mieux que « bien »…

— Mais…

— Oui… d’après la description que tu m’avais faite de lui, je m’attendais à trouver un bon petit jeune homme, l’air bien sage, même un peu pion… et au lieu de ça, tu nous amènes un monsieur charmant !… on prévient… on ne fait pas de ces surprises-là !…

Et, sans laisser à Jeanne le temps de répondre :

— Où l’as-tu connu ?…

— Ce printemps… à Pâques… quand nous sommes allés à Bordeaux chez ma tante…

— Et ça s’est décidé tout de suite !…

— Non… mais je l’ai aimé tout de suite…

— Oui… tu es une tendre, toi !…

— Et j’ai bien vu que lui aimait beaucoup, beaucoup, à se trouver avec moi…

— Et puis ?…

— Et puis… nous sommes partis… moi, le cœur très gros, naturellement !… je croyais que je m’étais trompée… qu’il ne pensait pas du tout à moi…

— Tu ne m’as rien dit de tout ça !…

— Non… d’abord je me figurais que c’était fini… ensuite, à personne, pas même à toi, je n’aurais voulu parler de ces choses… il me semble que, quand on aime tant, il ne faut parler de son amour qu’à soi-même… c’est la seule chance que l’on ait d’être vraiment compris…

— Alors, — demanda Bijou en riant, — tu supposes que je n’entends rien à l’amour ?…