Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/151

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— C’est M. de Clagny… un ami de grand’mère… le propriétaire de la Norinière.

— Ah !… ce monsieur si riche !…

— Si riche ?… crois-tu qu’il soit si riche ?… je n’ai pas entendu dire un mot de ça !…

— Mais si !… une fortune énorme… toute en terres…

Bijou n’écoutait plus. Elle avait cueilli une pâquerette qui s’épanouissait dans l’herbe, courbant au-dessus de l’allée sa petite tête craintive, et, distraite, elle l’effeuillait.

— Eh bien ?… demanda Jeanne en souriant, combien t’aime-t-il ?…

Bijou releva sa jolie tête et dit, surprise.

— Qui ça ?…

— Celui pour qui tu interrogeais cette marguerite ?…

— Je ne sais pas !… je ne l’interrogeais pour personne…

— Et qu’est-ce qu’elle t’a répondu ?…

— Passionnément…

— Eh bien, elle a répondu pour tout le monde…

En montant derrière sa petite amie les marches du perron, Jeanne ajouta :

— C’est vrai !… tout le monde t’aime !… et tu le mérites bien, va !…

Quand les deux jeunes filles entrèrent dans le hall, les visages un peu endormis se réveillèrent subitement. Henry de Bracieux murmura un : « Enfin !… c’est pas malheureux !… » qui le fit regarder de travers par sa grand’mère, tandis que