Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/152

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M. de Clagny venait, en courant presque, au-devant de Bijou.

Elle dit, gentille :

— À la bonne heure !… c’est aimable d’être revenu comme ça tout de suite nous voir !…

— Trop aimable !… vous allez en avoir de moi par-dessus la tête ?…

Elle répondit, toute souriante :

— Jamais !…

Puis, prenant Jeanne par la main, elle la présenta :

— Jeanne Dubuisson… ma meilleure amie… que je vais perdre, car elle se marie !…

— Mais… — fit la jeune fille toute chagrine — pourquoi dis-tu ça, Bijou ?… tu sais très bien que, mariée ou pas, je serai toujours ton amie…

— Oui… on dit ça… mais ça n’est plus la même chose !… quand on est mariée, on n’est ni aux parents, ni aux amis… on est à son mari… à lui tout seul…

M. de Clagny dit, à demi-voix :

— Que c’est beau, les illusions !…

Brusquement, Bijou se tourna vers lui, demandant :

— Qu’est-ce que vous dites ?…

— Une bêtise !…

— Non… j’ai compris que vous vous moquiez de moi… parfaitement !… vous avez beau secouer la tête, je le sais bien tout de même que vous vous moquez de moi… et c’est parce que j’ai dit que, quand on est mariée, on n’est plus qu’au mari !…