Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/161

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— Lui qui a l’air si austère !... Alors, décidément, ça ne te fait rien d’épouser un protestant ?...

— Rien du tout !... je suis, sans être dévote, une catholique très convaincue... il est, sans être dévot, un fervent protestant... chacun de nous tient à sa religion et n’en voudrait pas changer, mais l’un n’a nullement l’idée de convertir l’autre...

Comme Bijou ne répondait rien, elle ajouta :

— Il ne me déplaît pas d’avoir un mari protestant. .. je t’avoue même que... à certains points de vue... ça me tranquillise... oui !... c’est vrai, ce que tu me disais hier... les protestants ont sur la famille... et aussi sur la fidélité, des idées... des principes plus arrêtés que les catholiques...

— Oui !... Dis-moi ?... quelle robe mettras- tu au bal des courses ?...

— Je ne sais encore !... je n’en ai pas !...

— Comment ?... et la blanche à petits bouquets ? ...

— Papa ne la trouve pas assez bien !... c’est chez les Tourville, le bal des courses, cette année ! ... ce sera très élégant !...

— Oh ! ça, oui !...

— Nous ne les connaissons pas du tout... c’est la première fois que nous allons à Tourville... si j’étais fagotée, ça ne serait pas aimable pour ta grand’mère qui nous a fait inviter... alors, papa m’a dit de faire faire une robe... et il m’a donné cinquante francs...

— Qu’est-ce que tu vas faire faire ?

— Je n’en sais rien... conseille-moi, veux-tu ?...