Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/164

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— Oh ! que oui !... qu’elle est jolie !... et sage donc !... faut voir !...

— Sage ?... — dit mademoiselle Dubuisson, mais...

— Ah ! oui !... pour sûr que c’est pas une demoiselle comme vous !... mais elle était sage, sage tout à fait quand elle a connu M. de Bernés... et depuis, elle n’a jamais seulement regardé quelqu’un I... lui non plus, d’ailleurs !... qu’il est d’une fidélité qu’c'en est touchant !... Pourtant, gentil comme il est, c’est pas les agaceries qui lui manquent, vous pensez bien !... même les dames de la première société qui lui courent après... et les dames d’oficciers !... et la préfète donc, qui n’demanderait pas mieux !... Ah ouiche !... y leur fiche pas un coup d’œil... y n’regarde qu’sa p’tite Lisette... mais faut voir comment qu’c'est qu’y la r’garde !... bien sûr que s’il était seulement officier supérieur, y l’épouserait tout d’suite... et qu’il aurait bien raison !...

— Jeanne !... — appela Bijou — voilà le premier coup du déjeuner !...

Et, quand elles furent sorties, elle dit, d’un ton très doux où se devinait à peine le reproche :

— Pourquoi laisses-tu la mère Rafut te raconter des histoires que tu ne dois pas entendre ?...

La jeune fille rougit, et répondit, troublée : — Mon Dieu !... elle n’était pas bien méchante, son histoire !... et puis... même en admettant qu’elle le soit... comment veux-tu que je l’empêche de la raconter ?...