Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/174

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n’accompagner une bête de romance que j’apprends…

— Quelle romance ?…

Ay Chiquita !… c’est grotesque, n’est-ce pas ?… mais nous avons un vieil ami qui adore ça… et qui m’a demandé de le lui chanter…

— Mon Dieu !… Ay Chiquita… ça n’est pas autrement grotesque… ça est devenu rengaine, voilà tout !…

Il ajouta, en regardant la musique :

— Ah !… vous le chantez dans un ton élevé… je me disais aussi…

— Oui !… je le chante en haut… c’est encore plus vilain !… Dieu !… que je voudrais avoir une voix grave !… c’est si beau, les voix graves !… seulement il n’y en a pas !…

— Elles sont rares, mais il y en a…

Bijou secoua la tête…

— Je n’en ai jamais entendu…

— Eh bien, vous pourriez en entendre une…

— Où donc ?…

— Au théâtre de Pont-sur-Loire, tout simplement… oui… mademoiselle Lisette Renaud… une jeune chanteuse de beaucoup de talent… et très jolie, ce qui ne gâte rien…

— Elle a une belle voix ?…

— Très belle !… je l’entends, en moyenne, trois fois par semaine, sans compter les répétitions avec orchestre… eh bien ! je ne m’en lasse jamais…

— Ah !… est-ce qu’elle chanterait dans une soirée, savez-vous ?…