Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/175

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— Mais certainement… elle chante quelquefois à Pont-sur-Loire…

— Je demanderai à grand’mère de la faire venir… où demeure-t-elle ?…

— Rue Rabelais… je ne sais plus le numéro… mais elle est connue…

Après un silence, le musicien demanda :

— Pourquoi ne viendriez-vous pas l’entendre au théâtre ?… cela vous intéresserait bien plus…

— Grand’mère ne voudrait jamais !…

— Je sais bien qu’à Pont-sur-Loire la société ne va pas au théâtre… c’est mal vu… mais il y a pourtant des circonstances… ainsi tenez… dans quinze jours, il y a une représentation pour les blessés… organisée par les Dames de France… tout le monde ira…

— Et on jouera des choses convenables ?…

— Oh !… un opéra-comique quelconque… et des morceaux quelconques aussi… seulement je suis sûr que Lisette Renaud sera au programme… et souvent !… c’est ce que nous avons de mieux au théâtre…

— Vous ne buvez pas, monsieur Sylvestre ?… Bijou s’approcha du plateau qu’on venait d’apporter, et, servant le jeune homme, lui tendit gentiment un verre qui s’embuait au contact de la boisson glacée, en disant :

— Vous n’avez plus trop chaud pour boire, au moins ?… c’est si froid, cette limonade !… Il prit le verre d’une main qui tremblait un peu et resta le bras allongé, la bouche entr’ouverte, regardant Denyse avec une admiration passionnée.