Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/202

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venu à Bracieux, j’ai été frappée de sa froideur pour cet amour d’enfant que tout le monde adore... il était avec elle simplement poli...

— Aujourd’hui il n’est pas encore très emballé, mais il y a un progrès considérable... il se prépare à suivre le sentier battu par les autres...

La marquise demanda, en regardant madame de Rueille :

— Est-ce que, dernièrement, quand tu me parlais du mariage de Bijou... tu avais une idée de derrière la tête ?...

Sans répondre, Bertrade répéta la question :

— Une idée de derrière la tête ?...

— Oui... est-ce que, par exemple, tu pensais que Bijou aime ce petit Bernés ?...

— Je vous ai dit ce jour-là, grand’mère, que je crois que Bijou n’aime, n’a aimé, et n’aimera jamais personne...

— Si tu m’avais dit ça... comme tu me le dis en ce moment... j’aurais certainement protesté... il est impossible, à mon sens, de se tromper d’une façon plus complète que tu ne le fais... n’aimer personne ?... Bijou !... alors que nul n’a besoin autant qu’elle de caresses et d’affection...

— Elle a besoin de caresses et d’affection... oui... c’est entendu !... c’est-à-dire qu’elle a besoin qu’on la caresse et qu’on l’aime... mais non pas de caresser et d’aimer...

— Autrement dit, c’est une nature, sèche, égoïste ?. .. — demanda la marquise dont la voix se durcit tout à coup ; — en vérité, Bertrade,