Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/207

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entretien de famille ?... promenons-nous sous les marronniers... ils nous rejoindront s’ils le veulent...

Elle descendit l’escalier de marbre et entra dans la nuit profonde sous le quinconce de marronniers. Le jeune homme la suivait pas à pas, le cœur bondissant, fou de bonheur, mais inquiet de lui-même. Ils marchèrent quelque temps sans parler. A la fin Bijou dit, levant la tête pour apercevoir entre les arbres un coin de ciel :

— Ce n’est pas d’ici que nous les verrons beaucoup filer, les étoiles !...

Giraud répondit, désireux de ne pas quitter ce coin sombre où il se sentait si près d’elle :

— Mais si... tout de même... on peut les voir... tenez... en voici une... l’avez-vous vue ?...

— Mal !... et pas assez longtemps pour souhaiter quelque chose...

— Souhaiter quelque chose ?... quoi ?...

— Mais n’importe quoi... Comment ?... vous ne savez pas que quand on voit filer une étoile, il faut, former un vœu ?...

— Non... je ne savais pas !... et... il se réalise, ce vœu ?...

— On le dit...

— Avez-vous, mademoiselle, un vœu tout prêt, pour ne pas être, cette fois, prise au dépourvu ? ...

— Oui, certes, j’en ai un !... mais il est irréalisable. ..

— Ah !... je n’ose pas vous demander...