Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/223

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Denyse allait et venait dans la chambre, se dévêtant peu à peu. Puis, elle passa une chemise d’homme, à col très haut, ghssa ses jolies jambes dans une culotte de drap blanc et, s’ asseyant sur son lit, mit ses bottes : de souples bottes de cuir jaune qui moulaient ses pieds exquis.

— Veux-tu que je t’aide à passer ta jupe ?… offrit Jeanne,

Puis, surprise, elle demanda :

— Et ton corset ?…

— Je n’en mets pas…

— Mais… tu en mets toujours un ?…

Une vague rougeur monta aux joues de Denyse, et elle répondit :

— Oui… mais, aujourd’hui, je suis fatiguée.

— Tu ne crains pas de déformer ton habit rouge qui est si joli ?… il va si bien !… et les baleines seront toutes gondolées par la pression… rien ne déforme une robe comme de la mettre sans corset…

— J’aime mieux être à mon aise et déformer mon habit rouge, tu comprends ?…

Regardant de tous ses yeux Bijou, qui, debout devant une psyché, achevait de mettre son habit, Jeanne murmura :

— Va-t-il assez bien, cet habit ?… il plaque !… on jurerait qu’il est peint sur toi !… c’est la perfection même !… Après ça… tu as une taille tellement jolie !…

Denyse était maintenant très occupée à piquer une perle dans le plastron de sa cravate blanche. La pointe de l’épingle se cassa avec un bruit sec.