Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/222

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te trouve ce matin particulièrement joyeuse... qu’est-ce que tu as ?...

— Mais rien !... je me réjouis du rallye... du théâtre !... je trouve qu’il fait beau... que le ciel est bleu, les fleurs fraîches, et qu’il est délicieux de vivre, mais c’est tout !...

— C’est déjà quelque chose !... —

Assieds-toi ?... — fit Bijou, qui poussa mademoiselle Dubuisson dans une grande bergère Louis XVI.

La jeune fille s’assit, regardant la chambre toute rose, tendue, murs et plafond, en cretonne d’un rose pâle sur lequel couraient de larges pavots blancs. Les meubles Louis XVI étaient en bois laqué rose. Partout des fleurs dans des vases de cristal de formes tourmentées et bizarres. Dans l’air une délicieuse odeur incertaine et pénétrante, une sorte de mélange de Chypre, d’iris et de foin coupé.

Jeanne aspira ce parfum qu’elle aimait, et demanda :

— Qu’est-ce que tu mets dans ta chambre qui la fait sentir ainsi ?...

Bijou répondit, humant de toutes ses forces l’air autour d’elle :

— Ça sent quelque chose ?... je ne sens rien, moi !... et dans tous les cas, je ne mets rien...

— Oh !... — fit Jeanne stupéfaite, — mais c’est incroyable ! comment... vraiment, tu ne mets rien ?...

— Absolument rien...