Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/229

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— Trois heures moins vingt, — dit Bertrade, en regardant sa montre, — nous allons arriver au rendez-vous beaucoup trop tôt...

M. de Clagny mit ses chevaux au pas. Bijou avait rejoint le landau et causait avec Jeanne. Tout à coup, elle pencha la tête, comme pour écouter, et s’écria :

— Ah !... les voilà !... je les entends !...

— Qui donc ?... — demanda la marquise.

— Eh bien, eux !... ils sont là... je vais les retrouver. .. Au revoir, grand’mère !...

Elle passa le fossé de la route, et, s’arrêtant, cria en envoyant un baiser à Jeanne :

— Au revoir, toi !...

Mais le landau était déjà loin, et le mail passait. Giraud, assis à l’arrière avec Pierrot et les enfants, regardait seul dans la direction de Bijou, et ce fut lui qui reçut le doux adieu qu’elle adressait à son amie.

— Êtes-vous sûre de les retrouver ?... — demanda le comte en se retournant sur son siège.

Elle répondit, en indiquant le bois :

— Mais les voilà à dix pas... je viens de voir Henry...

Et elle disparut dans le fourré, pendant que M. de Clagny la suivait d’un œil anxieux...

Dès qu’elle eut trouvé un sentier. Bijou se mit au galop, filant droit, l’oreille au guet, le regard perçant au loin devant elle l’obscurité du bois.

Et tout à coup ; elle fit un brusque crochet et