Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/239

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Bijou dit, en lui tendant ses mains qu’il baisa :

— Comme vous êtes bon de vous être dérangé pour moi de si bonne heure !… il est à peine huit heures !… vous avez dû partir de la Norinière joliment tôt !…

— Ne nous occupons pas de moi… et dites-moi plutôt comment vous allez ?…

— Mais je vais à merveille !… vous avez bien vu hier que j’ai suivi le rallye-paper comme si je n’étais pas tombée avant ?… et que le soir au théâtre je n’avais pas l’air malade ?…

— Non… pas précisément malade… mais je vous ai trouvée, au théâtre, un peu bruyante, un peu fébrile…

Et, tristement, il ajouta :

— Je vous ai d’ailleurs peu et mal vue… vous ne vous êtes guère occupée que d’Hubert de Bernés, et vous avez beaucoup délaissé votre vieil ami…

Elle se leva, et allant à lui, câline :

— Oh !… comment pouvez-vous croire…

— Je n’ai pas cru, hélas !… j’ai vu !… et je ne vous le reproche pas, ma pauvre petite !… la jeunesse va vers la jeunesse… c’est si naturel !…

— Mais non !… — dit Bijou avec sincérité, mais pas du tout !… je n’aime pas tant que ça la jeunesse en général… et je ne peux pas souffrir les petits jeunes gens de l’âge de M. de Bernés en particulier…

— Oui… je me souviens que vous m’avez déjà dit ça !… vous me l’avez dit la première fois que je