Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/243

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— Je vais attendre dans le parc que votre grand’mère soit prête à me recevoir…

Mais dès qu’il vit que Bijou avait quitté le salon, il rentra et s’assit dans une pose affaissée, subitement vieilli par quelque douloureuse préoccupation.

La marquise ne se fit pas longtemps attendre. Elle dit en entrant, toute souriante :

— Vous êtes joliment matinal, Clagny !… Puis, apercevant le visage bouleversé de son vieil ami, elle demanda, inquiète :

— Ah ! mon Dieu !… qu’est-ce qu’il vous est arrivé ?…

— Un malheur…

— Dites !…

— C’est pour ça précisément que je viens de si bonne heure… Vous souvenez-vous que lorsque je suis venu ici pour la première fois… il y a quinze jours… comme j’admirais Bijou, vous m’avez rappelé qu’elle était votre petite-fille et qu’elle pourrait être la mienne ?…

— Oui !…

— Je vous ai répondu que je le savais bien… mais que, tout ça, c’était du raisonnement… et que les cœurs jeunes raisonnaient peu ou mal…

— Parfaitement !… eh bien ?…

— Eh bien, aujourd’hui, j’aime Bijou !… je l’aime de toutes mes forces…

— Patatras !…

— Ah !… vous êtes consolante, vous !…

— Dame !… mon pauvre ami !… que voulez-