Page:Gyp - Bijou, Calmann-Levy, 1896.djvu/244

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vous que je vous dise !… vous n’espérez pas épouser Bijou, n’est-ce pas ?…

Il répondit, les yeux pleins de larmes, la parole étranglée :

— Non… je ne l’espère pas !… et pourtant je vous supplie de dire à votre petite-fille ce que je viens de vous avouer, à vous… j’ai cinquante-neuf ans… six cert mille francs de rente… je ne suis ni méchant ni répugnant… et je l’adore… comme jamais un autre ne l’adorera…

— Mais songez donc que vous avez…

— Trente-huit ans de plus qu’elle… c’est pour moi surtout que cette différence est chose redoutable… oui… je le sais… et j’accepte tous les dangers d’une telle disproportion…

— Mais elle ?…

— Elle ?… elle se prononcera pour ou contre moi… elle a vingt et un ans… ce n’est plus une enfant… elle sait ce qu’elle fait…

— N’empêche que j’ai, moi aussi, une responsabilité, et que…

— Ah !… vous voyez !… vous avez peur qu’elle consente…

— Peur ?… en vérité, non !… je suis convaincue que cette petite créature idéale a de celui qu’elle rêve pour son mari une vision toute différente de vous…

— Et si, par hasard… oh ! notez bien que je ne l’espère pas… vous vous trompiez ?… qu’est-ce que vous feriez ?…

— Qu’est-ce que vous voudriez que je fasse ?…